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Une récente tentative de rétablir la réputation de la phalène du bouleau à être une icône de l’évolution s’effondre

par Carl Wieland, M.D.
traduit par Daniel Arsenault et Laurence Tisdall

a white peppered moth

photo par Olaf Leillinger, wikipedia.org

T.F. écrit:

Pour le Dr Carl — Il y a quelque temps, j’ai lu vos trucs [sic] dans lesquels vous affirmez que les trucs [articles] sur la phalène du bouleau étaient basés sur une fraude.

J’ai été troublé lorsque quelqu’un m’a montré un article scientifique récent qui, malheureusement pour vous, remet en question cette assertion. Il montre qu’après tout les phalènes sont un exemple classique de l’évolution.

J’espère que vous allez vous rétracter à la lumière de cette nouvelle preuve.

Carl Wieland (anglais) répond:

Merci pour votre courriel. Quand vous écriviez concernant nos “trucs” sur les phalènes, je présume que vous faites référence à une section de notre article intitulée “les fraudes utilisées pour soutenir l’évolution”, ou plus probablement à mon article de 1999 dans le magazine Creation sur lequel l’article était fondé, et qui a pour titre Au revoir les phalènes du bouleau (anglais). Ou à l’article qui a suivi en 2002 dans la même revue, et ayant pour titre La filière des phalènes (anglais).

Et je présume que l’article évolutionniste récent auquel vous faites référence serait presque certainement “The Moths at War” (Les phalènes en guerre) paru dans le New Scientist.1 Votre commentaire vient à un moment opportun, car j’avais déjà commencé à écrire à propos de cette tentative plutôt évidente de salir les créationnistes par de fausses accusations. Une réfutation sera également utile à d’autres, donc s’il-vous-plaît excusez-moi si je suis très détaillé dans ma réponse.

Si on lit attentivement à la fois nos articles et l’article du New Scientist, il devient clair que, loin de nous amener à rétracter nos commentaires, on se rend compte que cette dernière histoire semble être un cas classique de “marketing évolutionniste”, qui essaie de transformer l’embarras du public en une victoire de relations publiques contre les créationnistes.

Ceci concerne l’exemple classique de “l’évolution en action”, soit la phalène du bouleau en Angleterre, Biston betularia. Voici l’histoire en bref: Le phalène du bouleau se rencontre sous deux variétés: une claire et l’autre sombre. En Angleterre, après la révolution industrielle, la pollution a rendu plus sombres les troncs d’arbres.2 H.B. Kettlewell, un enthousiaste du darwinisme, a affirmé avoir démontré que les phalènes sombres prédominaient après la révolution industrielle et que c’était le résultat de la préférence des oiseaux pour les variétés plus claires qu’ils trouvaient sur les troncs d’arbres maintenant assombris. Cet exemple est devenu connu sous le nom de “mélanisme industriel de la phalène du bouleau”.3

Nos articles soulignent les commentaires d’autres évolutionnistes qui ont indiqué que cet exemple ne pouvait plus être considéré comme une preuve pour le darwinisme et que son statut “d’icône” était basé sur des pratiques plutôt douteuses. Les points clés de nos articles sont:

  • Que les biologistes ont remarqué qu’il est extrêmement difficile de trouver des phalènes reposant sur des troncs d’arbres pendant la journée. Leur lieu de prédilection semble être de rester cachées sous les feuilles.
  • Les phalènes de laboratoire que Kettlewell a relâchées et que l’on observe sur des troncs d’arbres s’y reposent d’une façon non naturelle.
  • Dans nos manuels, les photos classiques des phalènes se reposant sur des troncs d’arbres ont été truquées, puisqu’il s’agissait de phalènes mortes épinglées ou collées sur des troncs d’arbres.
  • Le film utilisé pour “enseigner” le sujet était également une “mise en scène” d’oiseaux qui mangeaient des phalènes et non une situation naturelle.
  • Que cette sélection naturelle de type “mélanisme industriel” due à la prédation différentielle pourrait facilement être réelle, mais serait triviale de toute façon. Comme nous l’avons souligné maintes fois dans nos articles, la sélection naturelle est un fait et n’est pas en soi synonyme “d’évolution”. (Que ce soit par la reproduction différentielle ou la survie différentielle, elle se produit via l’élimination ou la perte d’information génétique, et non pas sa création.)
  • Que les évolutionnistes aient déformé la sélection naturelle en la représentant comme “l’évolution en action” est un point secondaire. Le point principal c’est qu’il y avait tellement de désespoir apparent dans la tentative de convaincre les étudiants de la vérité de l’évolution que ses partisans étaient prêts à oublier ces graves défauts, et même à utiliser des photos inexactes pour étayer leur point de vue.

On affirme dans l’article du New Scientist:

  • Que les créationnistes ont exploité “un débat scientifique légitime sur des petits détails” concernant ces phalènes pour attaquer injustement l’ensemble de l’exemple, et avec lui, l’évolution elle-même.
  • Que lorsque l’évolutionniste Jerry Coyne de Chicago dit: “Pour le moment, nous devons rejeter Biston comme un exemple bien compris de la sélection naturelle en action”, il a été pris hors contexte; il a été cité de manière sélective; il a malheureusement été “obscur” dans ses propos, etc.
  • Que la journaliste non créationniste Judith Hooper, dans son livre Of Moths and Men, a non seulement mis en lumière la nature “imparfaite” des expériences de Kettlewell, ce qui est accepté dans cet article du New Scientist, mais elle aurait également accusé Kettlewell de fraude, sans preuve suffisante (ce qui a été injustement utilisé par les créationnistes).4
  • Que l’un des biologistes qui avaient soulevé certaines des questions initiales sur les observations des phalènes, Michael Majerus, a “achevé une expérience exhaustive… afin d’inverser l’avancement des créationnistes sur ce point” et que ses résultats préliminaires sont “suffisants pour totalement rétablir la phalène comme un excellent exemple de l’évolution darwinienne en action”.

Il est important de souligner que l’article ne tente même pas de réfuter ce que nous avons signalé au sujet du trucage utilisé en épinglant les phalènes mortes aux troncs d’arbres. L’article lui-même concède que les procédures de Kettlewell ont été considérablement imparfaites.

Au lieu de cela, il avance une objection bidon (au moins en ce qui concerne les articles de CMI) disant que les articles créationnistes attaquaient la sélection naturelle, ou que, tout au moins, ils jubilaient, car la sélection naturelle avait été prise en défaut précisément là où elle a été la plus vantée.5 Mais, comme c’est clairement indiqué dans nos articles, la validité de la sélection naturelle n’a jamais été mise en doute et ce n’est pas du tout le problème.

Que faire de “l’expérience exhaustive” de Majerus qui a prétendument rétabli triomphalement la phalène au statut d’icône pour les darwinistes? Eh bien, permettez-moi de dire encore une fois que, si elle avait été convaincante, on aurait dit: “Et alors? Qu’est-ce qu’il y a d’étonnant à tout cela?” Mais ironiquement, ce que nous voyons une fois de plus, c’est le désespoir des darwinistes dans la guerre de la propagande, ainsi qu’un complet malentendu ou une fausse représentation de la position créationniste touchant la sélection naturelle. Majerus a passé sept ans à libérer des phalènes (surmontant les vices de procédure dans les expériences de Kettlewell) de telle sorte que certaines sont venues se reposer sur des troncs de couleur claire, et qu’il a vu les oiseaux manger certaines d’entre elles. Quels sont ses résultats stupéfiants?

  1. Les oiseaux ont trouvé plus facile de repérer (et donc de manger) les phalènes les plus sombres sur des surfaces plus claires que leurs homologues plus claires. (Il est plutôt difficile de résister à un “tu m’en diras tant…”)
  2. Ceci explique le fait que celles qu’il a relâchées et qui ont disparu (qui ont donc sans doute été mangées) étaient de 29% pour les plus sombres, comparativement à 22% pour les formes plus claires.

Comme si ce n’était pas assez trivial, même si l’article tente de présenter l’expérience comme un “coup de grâce” en faveur de l’évolution, il est clair qu’elle “ne satisfait pas tous les biologistes évolutionnistes”. Certaines des critiques évolutionnistes soulignent que d’autres animaux mangent aussi des phalènes dans la nature, et ils peuvent avoir simplement une préférence pour les phalènes sombres ou celles qui sont claires. Et, ce qui est le plus important, l’article souligne que les fréquences de phalènes claires et sombres “ne sont pas toujours en corrélation avec le niveau de pollution”. Mais on peut ignorer toutes ces agitations frénétiques avec roulements de tambour et sonnerie de clairon pour déterminer si l’article démontre la sélection naturelle ou non (qui est un processus qui, d’après nous, n’a pas besoin d’être démontré de toute façon, c’est une déduction logique, évidente, laquelle a d’ailleurs été amplement observée). Ce qui est vraiment inquiétant, c’est la manière dont on fait le saut, à partir d’un changement observé de la fréquence des gènes (ce que serait le mélanisme industriel s’il est bien démontré), pour conclure qu’il s’agit, d’après Majerus, de “la preuve de l’évolution”. “Évolution”, ce mot, bien sûr, signifie dans l’esprit des gens tout le processus d’après lequel les particules se seraient transformées en personnes.

Puisque l’évolution nécessite un changement dans les fréquences des gènes, on affirme que, si l’on démontre l’existence d’un tel changement, ce serait alors la preuve en faveur de l’évolution. Il s’agit là d’une erreur logique du type suivant (techniquement appelé l’affirmation du conséquent [anglais]):

  • Pour moi, être un bon conducteur exige d’avoir une bonne vue.
  • Je peux prouver que j’ai une bonne vue.
  • C’est pourquoi je suis un bon conducteur.

Cela devrait être amplement évident à partir des articles sur le site creation.com comme Eaux boueuses (anglais), Le train de l’évolution s’en vient (ou plutôt s’en va… dans la mauvaise direction) et Coléoptères gaffeurs.

Un modèle basé sur la création biblique peut également prédire des variations dans les fréquences de gènes dans le temps, mais à l’intérieur des limites du genre original auquel peuvent s’ajouter des mutations (qui a pour principal résultat la perte d’information).

a black peppered moth

photo par Olaf Leillinger, wikipedia.org

Même un évolutionniste de renom tel que Pierre-Paul Grassé, titulaire de la chaire de l’évolution à la Sorbonne, a clairement indiqué que l’on peut avoir des mutations et une sélection chez les bactéries, par exemple, qui changent la fréquence des gènes, mais qui produisent seulement des déplacements vers la gauche, puis vers la droite, sans grand résultat à long terme. De même, les phalènes ont changé sous l’effet de la pollution vers des formes plus sombres, puis, quand l’air s’est clarifié au fil des décennies, la population des phalènes est généralement revenue à la situation initiale où prédominaient les formes plus claires. Où est donc le changement net dû à l’évolution, où est la génération comportant des nouveautés requises par la théorie?

Le biologiste L. Harrison Matthews était suffisamment reconnu pour être invité à écrire la préface à l’édition de 1971 de L’origine des espèces de Darwin. Tout comme Majerus, il était également très heureux, à cette époque, de voir les phalènes comme un exemple de sélection naturelle en action (ce qui n’a rien d’extraordinaire pour nous non plus). Il est donc intéressant de noter ce qu’il dit dans cet avant-propos (nous soulignons):

“Les expériences démontrent admirablement la sélection naturelle ou la survie du plus apte en action, mais elles ne montrent pas l’évolution en cours, car malgré les changements dans les populations en terme de leurs formes claires, intermédiaires ou foncées, toutes les phalènes demeurent du début à la fin la même espèce, soit le Biston betularia.”

Vers la fin de l’article, Majerus est cité faisant une déclaration révélatrice. Il dit que l’histoire des oiseaux mangeurs de phalènes est “facile à comprendre parce qu’elle implique des choses que nous connaissons”. Exactement. Il est facile d’endoctriner des étudiants avec un exemple qui a du sens, pour ensuite leur faire croire qu’ils ont vu un processus qui est capable de créer, en quelque sorte, de nouvelles fonctionnalités biologiques. Tout cela fait partie de la passion pour l’histoire des phalènes, une histoire que les évolutionnistes ont renforcée non seulement avec des procédures inadéquates, mais également avec des photographies truquées. (Et cette frénésie a provoqué l’irritabilité de certains lorsque les créationnistes ont fait un usage légitime de ces révélations.)6 C’est pourquoi, afin de s’assurer que cette histoire a été comprise et enracinée chez les élèves, certains évolutionnistes ont truqué des photographies et en ont fait une mise en scène photographique. C’est clairement le but de cet article de tenter de réhabiliter à tout prix l’idée (qui pourrait s’avérer vraie, mais il y a si peu de preuves pour l’appuyer) selon laquelle les oiseaux sont certainement responsables des changements dans les fréquences de gènes. Ce qui est d’autant plus ironique c’est que le même article cite d’autres évolutionnistes disant que l’ensemble des évolutionnistes n’ont pas encore pris position, même sur cet aspect des choses.

Et que dire de la citation, présumée hors contexte (la ruse préférée d’un politicien), de Jerry Coyne? En réalité, comme nos articles le démontrent, l’auteur n’a pas seulement fait quelques vagues mises en garde. Nous avons cité un article écrit de sa propre main et publié dans la revue Nature, indiquant que les révélations sur l’histoire de la phalène lui ont donné la même sensation que celle qu’il a connue quand il a découvert que le Père Noël n’était pas réel et que c’était son père qui apportait les cadeaux.7

Comme nous l’avons dit dans l’article écrit en 2002 mentionné plus haut:

“trois déclarations résument la réalité biologique sur cette question:

  1. Avant la révolution industrielle, il y avait de l’information génétique pour les phalènes de type sombres et claires.
  2. Pendant les pires jours de pollution, il y avait de l’information génétique pour les phalènes sombres et claires.
  3. Aujourd’hui, il y a de l’information génétique pour les phalènes sombres et claires.

“En d’autres termes, la seule chose qui est arrivée c’est que le nombre relatif de chaque type a augmenté ou a diminué. Quelle devrait être la vraie leçon à apprendre de la saga des phalènes du bouleau? Le fait que cet ensemble étonnamment banal d’événements a été martelé dans le monde entier pour être présenté comme étant ‘la preuve ultime’ en faveur de la croyance selon laquelle les microbes se seraient transformés en phalènes (et en chercheurs qui étudient les phalènes)! Ceci est bien plus stupéfiant à contempler que toutes les photos truquées et toutes les expériences frauduleuses.”

Merci encore une fois de nous avoir écrit. J’ai vraiment apprécié l’occasion d’attirer l’attention sur cet article étonnant du New Scientist. S’il y a quelque chose à retenir de cet article, avec tous ses roulements de tambours et toutes ses contorsions, c’est de constater à quel point les évolutionnistes sont désespérés de voir cette “icône” démasquée pour ce qu’elle est: au mieux, c’est un exemple extrêmement trivial de sélection naturelle (et non “la preuve de l’évolution”).

Articles connexes

Pour en savoir plus

Références et notes

  1. Jaap de Roode, The Moths at War, New Scientist 2633:46–49, 8 décembre 2007. Retour au texte.
  2. En provoquant la perte du lichen de couleur claire ainsi qu’en les noircissant directement. Retour au texte.
  3. Comme chez les humains, les pigments de mélanine amènent la couleur à être plus foncée. Retour au texte.
  4. C’est peut-être un peu fort. Comme notre article (anglais) l’indique, Hooper fait remarquer que les notes de terrain de Kettlewell avaient commodément disparu, et a déclaré que “la possibilité de fraude tacite flotte dans l’air”. Retour au texte.
  5. Bien sûr, certains créationnistes peuvent être confondus ainsi, pensant que a) la sélection naturelle = l’évolution et b) la fraude des phalènes signifiait que la sélection naturelle avait été discréditée. Retour au texte.
  6. Le biologiste évolutionniste Bruce Grant, a écrit une lettre à l’éditeur de la Tribune de Pratt (Kansas) en réponse à une correspondance créationniste. Il a essayé de détourner l’attention sur le fait que les écoliers ont eu l’impression que les phalènes se reposent naturellement sur les troncs d’arbres en disant que “les phalènes ont été collés aux arbres dans une expérience visant à évaluer l’effet de la densité (nombre) de papillons sur les pratiques d’alimentation des oiseaux”. Voir millerandlevine.com/km/evol/Moths/grant-pratt-tribune.html (anglais). Retour au texte.
  7. Jerry Coyne, Nature 396 (6706):35–36, 1998. Retour au texte.